Médecine spirituelle, médecine inspirée
Suite à la publication de mes livres « la médecine psychédélique-le pouvoir thérapeutique des hallucinogènes »[1], puis « Le chamane et le psy »[2] , j’ai eu l’honneur, de la part de certains de mes patients, de recevoir le titre de « psychiatre spirituel ». Je rends grâce à ces propos que je n’avais même pas osé penser à mon égard, puisqu’effectivement, je ne peux être « que » médecin spirituel, étant donné que tout est Esprit ou Conscience. C’est l’Esprit qui forme et informe le corps aussi bien que la psyché. Toute guérison durable et globale, en ce sens, est un alignement psycho-somatique sur l’Esprit, une réharmonisation du corps et de la psyché par la Conscience.
Je suis médecin-psychiatre, psychothérapeute, mais ce que je vous propose comme pistes pour une médecine de demain, est aussi valable pour les maladies physiques que celles dites psychologiques, car le souffle du même Esprit anime le corps et la psyché.
Pour participer au réveil de la conscience des médecins, je réfléchis en ce moment à la création d’un «centre de médecine spirituelle ». Il s’agirait d’amener nos confrères à réaliser, dans la pratique, que le fait de s’éloigner de la Conscience (ou de l’Esprit, c’est identique) crée une maladie pour le corps ou l’esprit, et qu’il est nécessaire de retrouver la Conscience et en imprégner le corps et la psyché pour soigner au plus profond.
Ce n’est pas à la médecine occidentale de dicter ses conditions et d’imposer ses limites à la médecine traditionnelle ou spirituelle (synonymes dans les faits) : c’est cette dernière, bien plus large, bien plus complète, qui inclue la première et y rajoute d’autres dimensions, qui peut ordonner et guider l’ensemble du soin. Comme les guérisseurs Amérindiens, je sais que le soin commence par un contact avec l’Esprit et l’obtention de sa permission, même si les traitements consistent ensuite en une radiothérapie ou en une chirurgie.
Il y a des méthodes et des techniques déjà existantes pour réintroduire l’Esprit dans le soin. Elles proviennent aussi bien des thérapies traditionnelles (chamanisme) que dans les pratiques modernes (psychothérapies transpersonnelles, hypnose, EMDR, etc…) ; Elles peuvent même conduire à une synthèse créative, une thérapie en quelque sorte « psycho-chamanique ». Elles permettent surtout d’ouvrir la conscience, pour qu’elle perçoive et utilise d’autres énergies et informations, et d’ouvrir le cœur à l’Amour, source de guérison.
Mais avant de parler des méthodes, voyons en les principes essentiels, appuyés par les travaux scientifiques en parapsychologie, ainsi que par les études récentes des expériences « autour de la mort » (visions des agonisants, expériences de mort imminente, contact avec les défunts), et les découvertes de la physique quantique.
Ces principes sont les suivants :
-notre conscience existe indépendamment du fonctionnement cérébral
-notre conscience survit à la mort du corps
-les consciences des vivants et des morts peuvent communiquer entre elles, surtout par la force des liens de l’amour, qui sont éternels
-toutes les consciences sont reliées, et ce que je fais à l’autre, je le fais à moi (et vice-versa)
-toute conscience, dans certaines circonstances, ou par certains types de pratiques, peut faire l’expérience d’entrer dans une source de lumière qui l’inonde d’un amour inconditionnel extraordinaire, et comprendre qu’il s’agit là de sa source originelle, de son état naturel
-l’univers est fait de conscience, de lumière, et d’amour, l’amour est la force d’attraction qui a chaque instant assure la cohésion de l’univers, et cet amour s’adresse à vous pour vous rendre aimant
-au- delà des limitations et des ombres de votre ego, la nature même de votre conscience est d’être amour
-sur terre la pratique de l’amour est LA source de guérison, pour soi comme pour les autres
-tout est énergie, tout est relié, tout est conscience
-les mots et les pensées quotidienne (sur soi, les autres, le monde) sont des prières méconnues, rendues puissante à travers la répétition quotidienne, et représentatives ne la nécessité d’épurer et diriger le mental
-il existe de nombreux plans de conscience et d’existence, chacun pouvant être conatctés pour favoriser la guérison
La conscience humaine, surtout dans ses états modifiés, est capable d’un fonctionnement dit « non local » ou « quantique ». C’est-à-dire qu’elle peut interagir directement, sans support physique, avec d’autres consciences ou avec la matière, et cela indépendamment des contraintes d’espace (action à distance) ou de temps (action dans le passé ou le futur) (Dossey, 1995 ; Dossey, 2002). Sont particulièrement bien démontrées (Radin, 2006), les capacités de réception d’information ne passant pas par les organes sensoriels habituels (perception extra-sensorielle) comme la télépathie ou la clairvoyance (vision à distance), ainsi que les capacités d’action sans support physique visible (psychokinèse), que ce soit sur la matière, comme la télékinésie ou la modification du fonctionnement aléatoire d’appareils électroniques, ou bien sur le vivant, comme le magnétisme à distance. Charles Tart (2009) a parlé du « Big Five » pour désigner les cinq capacités parapsychologiques qui étaient clairement démontrées par des études scientifiques rigoureuses en laboratoires, menées ces cent dernières années : la télépathie, la clairvoyance, la précognition, la télékinésie, et la guérison « psi » (action à distance sur des systèmes vivants). Plus intéressant encore pour le propos de ce livre, Il a aussi évoqué les « maybes » c’est-à-dire les facultés parapsychologiques qui sans être démontrées de façon absolue disposent d’ors et déjà d’un faisceau d’argument solide en faveur de leur existence. Il s’agit de l’OBE (sortie hors du corps), la NDE (Etat de Mort Imminente), la CAM (Communication Avec les Morts), et des récits validés de réincarnation. A la lumière de ces travaux, il semble donc qu’actuellement l’hypothèse d’une survie de la conscience après la mort soit scientifiquement plus solide que celle, matérialiste, d’un arrêt total de son fonctionnement après la fin biologique du corps.
Comme Jung, puis Grof (2002), et l’école de psychothérapie transpersonnelle (Blin et Chavas, 2011), je propose de considérer la conscience humaine comme un phénomène qui ne se résume pas à la biographie post natale et ne se limite pas à l’inconscient individuel, mais qui inclue aussi tous les phénomènes survenant avant la naissance biologique (périnatal, prénatal) et allant au-delà de l’identité personnelle (transpersonnel, inconscient collectif). La médecine du troisième millénaire (Dossey, 2002) se fera avec la « conscience non locale », permettant une action à distance dans le temps (régression à une vie antérieure en hypnose, par exemple) ou l’espace (magnétisme à distance, prière), voir action sur d’autres mondes (contacts induits avec l’esprit des défunts par EMDR-Botkin, 2005-, voyages dans les différents mondes décrits par le chamanisme).
Venons en maintenant aux méthodes utilisables dans cet esprit. Comme le dit très bien Jean-Pierre Hermans, il y en a effectivement deux catégories:
-1) nettoyer –reprogrammer le cerveau gauche (l’ego), l’objectif final étant bien entendu de stopper l’identification au mental et de s’ouvrir à la Conscience en comprenant que finalement notre vie mentale est assimilable à un rêve,
-2) ou bien reconnecter-stimuler le cerveau droit et puiser dans la Conscience les processus de guérison.
La première catégorie peut se faire par les méthodes de psychothérapies classiques (Chambon et Marie-Cardine, 2010) aussi bien que par celles spirituelles. Je ne les détaillerai pas ici. Par contre, voici une liste non limitative des techniques de la seconde catégorie, qui peuvent être utilisées isolément ou combinée de manière créative (et dictée par l’Esprit) entre elles :
-La pratique de la technique dite de « cohérence cardiaque » permet de remettre l’amour au cœur du processus de changement. En dehors de ses effets « anti-stress » et « régulateur émotionnel », elle a un effet spirituel d’activation du chakra du cœur, et de sortie des préoccupations du mental
– L’utilisation thérapeutiques des psychédéliques[3] (Chambon, 2009) ou des autres méthodes d’élargissement de la conscience (Hypnose Humaniste de Lockert, yoga, méditation, etc..) pour nous faire faire l’expérience de notre nature spirituelle, remettre l’ego à sa juste place (outil et non pas tyran) et accroître nos connections à l’esprit
– le travail avec les énergies (magnétisme, reiki, EFT) pour nous faire vivre l’interaction essentielle entre l’intention, le cœur, l’énergie et la matière, et pour nous aider à reconnaitre les processus énergétiques invisibles et les influencer;
-le chamanisme pour utiliser toutes les possibilités d’aides, sous forme d’énergie et d’informations, provenant des différents monde spirituels qui nous entourent, et nous réapprendre à aimer et respecter cette nature dont nous avons tant besoin pour survivre (Huguelit & Chambon, 2010); le chamanisme permet aussi de ré-enchanter le monde, de recevoir ses cadeaux pour la guérison spirituelle et psycho-somatique
-les techniques utilisant la visualisation et l’imagination ont aussi une grande importance pour se connecter à l’esprit (Achterberg, 1985 ; Labonté & Bornemisza, 2006)
– L’intelligence du corps, enfin, peut être réveillée pour soigner, comme dans le focusing (Lamboy, 2009 ; Wild-Missong, 2010) ou par différents types de massages (Mehl-Madrona, 2003)
Dans toutes ces techniques, patient et thérapeute vont utiliser leur cerveau droit comme le propose si justement Hermans.
Tout est esprit, la maladie et les organes malades ont aussi un esprit, et il faut dialoguer avec cet esprit, avec amour et compréhension, pour le ramener à se fondre à la Conscience (par exemple en utilisant des variantes de l’EFT ou de l’EMDR, par la technique dite d’ »imagination active » de Jung, ou des voyages chamaniques).
La médecine moderne est en train de s’ouvrir très lentement, elle commence à peine à prendre conscience du rôle de la spiritualité sur la guérison. Dans le documentaire tourné par Stéphane Allix (de l’INREES), sur les guérisseurs, on voit comment des médecins s’intéressent à cette approche. En particulier un chef de service d’un hôpital donne des adresses de guérisseurs pour atténuer les effets des radiothérapies pour les patients cancéreux ; un autre, responsable d’un service d’urgence, fait appel aux « barreurs de feux », pour leurs résultats impressionnant qu’ils obtiennent dans le traitement des brûlures..
Auparavant la médecine était aveuglée par les œillères de l’idéologie matérialiste : elle n’agissait que sur le plan physique, là où il fallait impliquer le corps, les émotions, le mental, l’Esprit, et la communauté, pour obtenir des « miracles » (nom donnée par la médecine aux possibilités de guérir qu’elle ne sait pas encore provoquer). Heureusement, par le travail de certains pionniers, elle commence à se diriger vers un chemin qui lui permettra de retrouver son âme, se « réanimer », s’«inspirer», et avoir à nouveau accès au savoir et aux pratiques des guérisseurs et mystiques de tous temps.
Bibliographie
-Achterberg J., « Imagery in healing-Shamanism and modern medicine », New Science Library, Shambhala, 1985.
-Blin B., Chavas B., “Manuel de Psychothérapie Transpersonnelle”, Inrees-InterEditions, 2011.
-Botkin A., « Induced After Death Communication », Hampton Roads, 2005.
-Chambon O., « La médecine psychédélique-Le pouvoir thérapeutique des hallucinogènes », Editions Les Arènes, 2009.
-Chambon O., Marie-Cardine M., « Les bases de la psychothérapie », 3ème édition, Dunod, 2010.
-Chambon.O, « Chamanisme et psycho-chamanisme », Hozho-Chamanismes et Médecines de la Terre, N°2, Printemps 2011.
-Dossey L., « Ces mots qui guérissent », Editions Jean Claude Lattès, 1995.
-Dossey L., « La médecine réinventée », Editions Vivez Soleil, 2002.
-Grof S., « Pour une psychologie du futur », Paris, Dervy, 2002.
-Huguelit L., Chambon O., « Le chamane et le psy », Mama Editions, 2010.
-Johnson R., « Inner Work-Using Dreams and Active Imagination for personal growth », HarperOne, 1989.
-Labonté M-L., Bornemisza N., « Se guérir grâce à ses images intérieures »,Editions Albin Michel, 2006.
-Lamboy B., “Trouver les bonnes solutions par le focusing-A l’écoute du ressenti corporel”, Editions Le Souffle d’Or, 2009.
-Leroy B., « La porte mystérieuse du Mont-Saint-Michel-Le sentier de Daath », Editions Alphée, 2011.
-Levy R., Bruce E., “Shamanism-The book of Journeys”, O-Books, 2010.
-Lockert O., « Hypnose humaniste », IFHE Editions, deuxième édition : 2010.
-Lockert O., “Miracles quotidiens”, Editions IFHE, 2008.
-Mehl-Madrona L., « Coyote Healing-Miracles in Native Medicine », Bear & Company, 2003.
-Mehl-Madrona L., “Ces histoires qui guérissent-la sagesse du Coyote”, Guy Trédaniel Editeur, 2007.
-Radin D., « La conscience invisible », Editions J’ai Lu, 2006.
-Roberts L., Levy R., « Shamanic reiki », O Books, 2008.
-Tart C., « The end of materialism », New Harbinger Publications, 2009
-Wild-Missong A., “Shamanistic journey in comparison with Focusing”, Proceedings of the 15th International Focusing Conference, 2003, Pforzheim/Germany, ed. By H.J. Feuerstein, FZK Verlag, Weingarten (Baden), Germany.
-Wild-Missong A., “Focusing und Schamanismus, Editions Schirner Verlag, 2010.
[1] Editions Les Arènes, 2009
[2] Co-écrit avec Laurent Huguelit, mama Editions, 2010
[3] (utilisés notamment pour déprogrammer l’ego : cf Leroy, 2011 ; Verdier 2011)